Après les succès remportés par l'armée française en Prusse, en 1806, et son entrée dans le duché de Posen, les Polonais, remplis d'admiration pour l'Empereur Napoléon, qu'ils regardaient comme le libérateur de leur patrie, coururent aux armes pour former, sous la direction du général Jan, Henryk Dabrowski une armée nationale dont les régiments allaient participer, aux côtés des troupes françaises, à toutes les campagnes jusqu’en 1814.
Le 9 novembre 1806, Dabrowski arrive à Posen et procède immédiatement à l'organisation d'une légion qui sera composée de quatre régiments d'infanterie de ligne, d'une compagnie de chasseurs à pied, de deux régiments de cavalerie et d'une compagnie d'artillerie.
Les volontaires sont casernés au couvent des Dominicains. On les divise ensuite en quatre détachements qui sont dirigés sur les villes de Gnesen, Rogozno, Rawicz et Kosten où ils formeront le noyau de quatre régiments d'infanterie organisés sur le pied français, de deux bataillons chacun.
Chaque régiment devra comprendre : 1 colonel, 1 major, l capitaine adjudant- major, 2 chefs de bataillon, 2 lieutenants adjudants- majors, 4 adjudants sous- officiers, 2 chirurgiens de bataillon, 18 capitaines, 18 lieutenants, 18 sous- lieutenants, 18 sergents- majors, 72 sergents, 18 fourriers, 144 caporaux, 36 tambours, 9 musiciens, 9 sapeurs, 2 160 soldats, soit un total de 2 533 hommes.
Les deux bataillons du 4e régiment d'infanterie sont formés à Kosten, le 1er, le 16 décembre 1806, le 2e, le 20. Le corps est commandé par le colonel Poninski. Les hommes, habillés à la hâte et mal équipés, sont armés de fusils français, prussiens, saxons et suédois.
Le 1er janvier 1807, le régiment est toujours à Kosten, à l'effectif de 24 officiers et 1861 sous- officiers et soldats. Le lendemain, le 1er bataillon arrive à Posen où il entre dans la composition de la brigade Axamitowski, 2e du corps polonais. Il est fort de 21 officiers et 795 hommes présents sous les armes. A ce moment les Polonais sont placés provisoirement sous les ordres du maréchal Bernadotte, prince de Ponte-Corvo. Le 3, le bataillon est à Gnesen. Il restera dans cette place jusqu'au 18 janvier avant d'être dirigé sur Bromberg où la corps polonais, composée des levées de Posen et de Kalisch, se rassemble le 22 janvier.
Le 23, la division polonaise passe sous les ordres du maréchal Lefebvre commandant le 10e corps de la Grande Armée formé en vue du siège de Danzig, où se sont repliés les derniers débris de l'armée prussienne.
Les hommes sont démunis de tout. Dans une lettre adressée de son quartier-général de Nowe à Berthier, le 26 janvier, Dabrowski écrit : « Je n'ai aucun espoir de recevoir de Posen ni des gibernes, ni de la buffleterie, ni des havresacs ; mes soldats d'infanterie portent dans leurs poches 12 cartouches à peu près, qu'ils sont encore obligés de changer souvent à cause de la neige qui les mouille. »
Ce même jour, le corps polonais se met en marche de Bromberg. Sa première rencontre avec l'ennemi a lieu le 3 février. Dabrowski vivement attaqué, pendant toute la journée, tant à Mewe, par la garnison de Danzig, qu'à Wielki Lubin, par celle de Graudenz, et se trouvant sans munitions, effectue sa retraite sur Schwetz.
C'est dans cette ville que le 2e bataillon, parti de Kosten le 1er février rejoint le 1er.
Le 23 février, Dabrowski, renforcé par les Badois du général Ménard, attaque les Prussiens à Dirschau, prend la ville d'assaut et fait 600 prisonniers. Le 4e régiment n'est pas engagé et reste en réserve jusqu'à la prise de la ville. Dabrowski, blessé, est remplacé par le général Kosinski puis par le général Gielgud qui conduira les Polonais à Danzig.
Le 4e régiment, fort de 1275 hommes, est affecté à la division Gardanne avec laquelle il participe aux sièges de Danzig et de Kolberg. Après la capitulation de la grande forteresse prussienne, la division Dabrowski est attachée au 8e corps sous les ordres de Mortier.
Passée en revue par le général Pannetier le 1er juin 1807, celui- ci constate l'extrême dénuement de la légion de Dabrowski. « L’infanterie est généralement mal habillée ; les souliers, les guêtres, les pantalons, les chemises et les sacs manquent totalement. Il y a surtout 800 recrues, déserteurs prussiens, qui conservent l'uniforme étranger, faute de moyens pour pouvoir les habiller. Les gibernes et la buffleterie sont passables. Les régiments manquent de caisses. Les grenadiers et les voltigeurs manquent de sabres, les 800 recrues ne sont point armées. »
L'armée polonaise avait été organisée en trois légions formées dans les départements de Posen, Kalisch et Varsovie. La 1re par Dabrowski, la 2e par Zayonchek et la 3e par Poniatowski. Les régiments de la levée de Posen, formés les premiers, avaient reçu les numéros de 1 à 4. Ceux de la levée de Varsovie, organisés au début de 1807, les numéros de 9 à 12. Poniatowski, ministre directeur de la guerre, par animosité contre Dabrowski, mettra tout en oeuvre pour désorganiser les régiments de l'ancien chef des légions d'Italie.
Le 4 juin 1807, en vertu d'un ordre de Berthier du 29 mai, daté de Finkenstein, le prince Poniatowski décide au mécontentement légitime de Dabrowski, que les régiments de la levée de Posen prendront les numéros de 9 à 12, tandis que ceux de la levée de Varsovie recevront les numéros de 1 a 4.
Le 4e régiment d'infanterie prend donc, à cette date, le numéro 12 dans l'ordre numérique des régiments d'infanterie polonais. Il figurera cependant de longs mois encore sur certains états de situation encore le numéro 4.
La première tenue du régiment nous est connue par la description qu'en fit, dans ses « Mémoires » de Antoni Bialkowski et les dessins qu'il nous a laissés. C'est d'après ces derniers, conservés au cabinet archéologique de l'Université de Krakow, que nous avons reconstitué les tenues du colonel Poninski et du grenadier.
Antoni Bialkowski s'est engagé au corps comme caporal, le 15 novembre 1806 à Posen. Fait sergent- major le 2 décembre, il est nommé sous-lieutenant le 4 janvier 1807. C’est lui qui fut chargé de la distribution des effets d'habillement dans sa compagnie en décembre 1806 et janvier 1807.
Le colonel Poninski commanda le régiment de sa formation à février 1608. Il est ici habillé conformément au règlement du 2 mars 1807 : kurtka de drap bleu ; collet rouge passepoilé de blanc ; revers jaunes ; parements rouges passepoilés de blanc ; petits retroussis lisérés de jaune ; boutons dorés du modèle français, au numéro du régiment.
Pantalon de la couleur du fond, garni de chaque côté d'une double bande jaune.
Épaulettes à torsades dorées. Hausse-col doré avec, au centre, l’aigle de Pologne en argent. Ceinturon de cuir verni blanc. Boucle en métal doré l'aigle en argent.
En grand uniforme, les officiers supérieurs portent le ceinturon en galon d'or piqué de soie bleu foncé ou cramoisi.
La czapka, sans plaque, a le pavillon recouvert de drap noir. Galon de velours noir à son bord supérieur. L'impériale est bordée par une soutache blanche. Pompon en cannetille dorée. Plumet blanc. Cordon, étroit, et raquettes blancs. Jugulaires dorées. Rosaces très certainement ornées de têtes de lion. Cocarde argent et rouge.
Bottes à la Souvarov découpées en cœur par-devant et ornées de glands dorés dans l'échancrure.