Légion du Danube Infanterie 1799-1801. Cinquième planche de la collection L'Armée Française et ses Alliés 1792-1815 par Jacques Domange.

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Jacques Domange
- Planche 5 -

Créée par la loi du 22 fructidor an VII (8 septembre 1799), cette légion polonaise, dite du Danube, devait se composer de quatre bataillons d'infanterie chacun de dix compagnies, dont une de grenadiers, une de chasseurs et huit de fusiliers ; de quatre escadrons de cavalerie légère et d'une compagnie d'artillerie légère.

Chaque compagnie d'infanterie devait comprendre : 1 capitaine, 1 lieutenant, 1 sous-lieutenant, 1 sergent-major, 4 sergents, 1 caporal fourrier, 8 caporaux, 2 tambours, 104 grenadiers, fusiliers ou chasseurs, soit un total de 123 hommes.

Le général Kniaziewicz, nommé par arrêté des Consuls du 7 frimaire an VIII (28 novembre 1799) chef de légion, fut chargé de son organisation qui devait s'opérer à Phalsbourg (Moselle). Elle se recruta parmi les Polonais originaires des provinces annexées par l'Autriche et la Russie et internés, comme prisonniers de guerre, dans diverses places du nord et de l'est de la France. Un certain nombre d’officiers provenaient des légions formées en Lombardie en 1797.

Le rassemblement de ces hommes à Phalsbourg créa de nombreuses difficultés dont la plus importante fut celle du logement, les casernes de la place ne pouvant abriter que 1 800 hommes. Il fut décidé qu'ils seraient transférés à Metz où la légion se rassembla le 21 pluviôse an VIII (10 février 1800), afin de se compléter.

Le 1er bataillon fut organisé le 1er ventôse (20 février). Il comprenait 33 officiers, y compris l'état-major, et 1 200 sous-officiers et soldats présente sous les armes. Il fut placé sous le commandement de Stanislaw Fiszer (Général de division chef d'état-major du 5e corps de la Grande Armée en 1812, il sera tué au combat de Winkowo, le 18 octobre).

Le 2e bataillon fut formé le même jour mais à six compagnies de fusiliers seulement. Il sera complété le 23 ventôse (14 mars) par la formation des compagnies de grenadiers, de chasseurs et des 7e et 8e de fusiliers.

A la même date seront organisées les trois premières compagnies du 3e bataillon avec des hommes provenant du dépôt de Douai. Ce bataillon se complètera au fur et à mesure de l'arrivée de nouveaux volontaires.

Quant à l'organisation du 4e bataillon elle sera beaucoup plus longue. En septembre, il ne comptera que cinq compagnies.

La légion du Danube devait être envoyée à l'armée du Rhin pour combattre sous les ordres du général Moreau.

Elle arriva à Strasbourg le 10 floréal an VIII (30 avril 1800) et stationna quelques semaines dans la 5e division militaire. Le 20 floréal (10 mai), son effectif était de 72 officiers et 2 697 sous-officiers et soldats présents.

Le 10 messidor (29 juin), les 1er et 2e bataillons furent détachés à Mainz où ils entrèrent dans la 2e division.(Souham) du corps du Bas-Rhin (Sainte-Suzanne) qui formait l'aile gauche de l'armée. Le 3e resta à Kehl sous les ordres du général Klein commandant la division de Kehl.

Les légionnaires se distinguèrent à Hochet, Eschborn, Rödelbeim, Griesheim, le 16 messidor (5 juillet) et à Bergen, le 23 (12 juillet).

Après l'armistice de Parsdorf conclu le 26 messidor (15 Juillet), les deux premiers bataillons passèrent à la division Delaborde. Ils furent rejoints, au début de septembre, par le 3e bataillon et occupèrent la forteresse de Philippsburg. Ils se rendirent ensuite à Braunau et, à la rupture de l'armistice, Moreau les appela sous son commandement direct.

Le 7 frimaire an IX (28 novembre 1800), la légion fut rattachée à la division du centre de l’armée.

Elle contribua puissamment à la victoire de Hohenlinden, le 12 frimaire (3 décembre), où elle résista avec la plus grande vigueur à une attaque impétueuse au général Riesch et le rejeta dans la direction de Wasserburg. Dans cette bataille, le général Kniaziewicz donna les preuves des plus grands talents militaires.

Après la bataille de Hohenlinden, Kniaziewicz reçut l'ordre de nettoyer la route de Salzburg et poursuivit jusque sur la Salzach, la brigade du prince von Liechtenstein qui couvrait la retraite des Autrichiens.

Elle occupa ensuite Salzburg. L'armistice de Steyr signé le 4 nivôse an IX (25 décembre 1800) mit fin à la campagne. L'armée prit ses quartiers d'hiver et la légion out pour garnison l'abbaye de Kremsmünster.

En nivôse an IX (janvier 1801), elle était à Kirchdorf, dans le canton de Traun. L'effectif des trois bataillons s'élevait à 96 officiers et 2 036 hommes présents.

Le 20 nivôse (10 janvier), ordre est donné à Moreau de faire passer la légion en Toscane.

Le 25 pluviôse (14 février), elle cessa de faire partie de la division Decaen et se mit en route pour l'Italie où elle sera soldée par la gouvernement cisalpin.

Le corps marcha sur quatre colonnes et suivit l'itinéraire Braunau, München, Augsbourg. Ulm, Schaffhausen, Zurich, Lausanne, Genève, Chambéry, Modane, le Mont-Cenis, Turin.

Les hommes étaient dans un complet dénuement. Comme beaucoup d'étrangers venue combattre sous les drapeaux de la République, ils ne bénéficièrent guère des bienfaits promis par celle-ci.

Le général Lacombe-Saint-Michel commandant supérieur en Piémont, écrit de Turin au général en chef Moncey, le 23 germinal (13 avril) :

« Voilà cette légion polonaise qui arrive sans souliers, manquant de tout, et cinq mois arriérés de solde. Le commandant m'a dit que le général en chef Moreau n'avait pas voulu la faire payer parce qu'elle allait en Italie ; comme s'il n'était pas de toute justice de payer ces troupes à l'armée du Rhin pour tout le service qu'elles y ont fait. On a trompé ces malheureux soldats en leur disant qu'ils seraient payés à Berne, à Genève, à Chambéry et à Turin, et nulle part il n'y a des moyens... Ce matin, il m'a été rendu compte que les Polonais ne voulaient pas partir. Ces malheureux étaient dénués de tout. Ils sont néanmoins partis, mais il est bien dur d'être obligé de sévir contre les hommes dont la demande est infiniment juste... »

La légion du Danube va faire partie de l'armée d'observation du Midi créée par arrêté du 24 pluviôse (13 février) et placée sous le commandement en chef du général Murat. Elle prit alors la dénomination de 2e légion polonaise, la 1re sous les ordres de Dombrowski, se trouvant déjà en Italie.

Le 1er prairial (21 mai), le général. Jablonowski arriva à l'armée pour prendre le commandement de la légion. Ce grade fut confirmé par Murat le 5 thermidor (24 juillet).

La légion tint garnison dans diverses places du royaume d'Étrurie. Dissoute à Livourne, le 1er nivôse an X (22 décembre 1801), elle devint le même jour, 3e demi-brigade de ligne polonaise.

Planche 5.

A gauche sont représentées les couleurs des plumets de l'infanterie suivant l'ordre du général Kniaziewicz en date du 17 nivôse an VIII (7 janvier 1800), inséré dans le journal de correspondance de la légion.

Au premier rang, plumets cramoisis pour les grenadiers. Base blanche pour le 1er bataillon, bleue pour le 2e, écarlate pour le 3e, jaune pour le 4e.

Au centre, plumets écarlates pour les fusiliers. Couleur du bas comme pour les grenadiers. Celui du 3e bataillon est entièrement écarlate.

En bas, plumets verts pour les chasseurs. La partie inférieure comme pour les grenadiers.

Le grenadier à gauche, appartient au 3e bataillon. Il est dessiné d'après une gouache de Jean Léonard Hoffmann (1740-1812). La czapka a son pavillon recouvert en drap bleu clair. Les côtés sont cannelés. La forme en cuir verni ainsi que la visière. Plumet cramoisi. Cordon et glands blancs et non jaunes ainsi que le prétendait l'historien polonais B. Gembarzewski. On remarquera la disposition des couleurs de la cocarde.

Kurtka bleu national. Collet, revers et parements cramoisis passepoilés de blanc. Boutons en cuivre. Épaulettes rouges. Culotte bleu national garnie, sur les côtés, d'une bande en drap cramoisi. Ceinture bleue bordée de drap cramoisi. Boucle en drap tricolore. Demi-guêtres noires. Buffleterie en cuir verni noir, de même que la bretelle de fusil. Ce grenadier porte un sac de cuir noir de 600 mm de long sur 150 mm de diamètre. Ce sac est représenté planche 6.

Au centre, fusilier d'après un dessin contemporain de Johann, Lorenz Rugendas. Il porte l'habit long de l'infanterie française. Collet et parements rouges passepoilés de blanc. Revers et retroussis blancs passepoilés de rouge. La différence réside dans les pattes de parements et les pattes d'épaules rouges à passepoils blancs. Poches en travers simulées par un passepoil rouge. Boutons en cuivre. Pantalon blanc a bandes horizontales bleu clair. Chapeau en feutre. Cocarde tricolore. Ganse aurore. Pompon blanc. La planche de Rugendas, reprise par R Knötel, montre la façon peu commune dont les fusiliers portaient leur baïonnette ; le fourreau était fixé au côté gauche du havresac. Guêtres blanches. Buffleterie blanche.

A droite, le général Kniaziewicz, commandant la légion du Danube, d'après une miniature ancienne appartenant à un collectionneur de New-York.

Le général Karol, Otton Kniaziewicz naquit à Assiten près de Mittau, en Courlande, le 4 mai 1762. Il servit en Pologne durant les campagnes de 1792 et 1794. Général de brigade en août 1794, il fut fait prisonnier par les Russes à Maciejowice, le 10 octobre 1794. Rendu à la liberté, le 17 novembre 1796, il gagna l'Italie. Reçu par le général Bonaparte à Campo Formio, il obtint le commandement de la 1re légion polonaise à la solde de la Lombardie, le 11 germinal au V (31 mars 1797).

Le 10 nivôse an VII (30 décembre 1798), le Directoire exécutif, lui décerna un sabre de récompense pour sa brillante conduite à Citiva Castellana, le 14 frimaire au VII (4 décembre 1798).

Chargé le général Championnet, le 16 pluviôse an VII (4 février 1799) de se rendre à Paris afin de remettre au Directoire les drapeaux conquis par l'armée d'Italie, il reçut ce sabre-au Palais du Luxembourg, le 18 ventôse an VII (8 mars 1799).

C'est cette arme que nous présentons ici. La monture en laiton doré est décorée de feuilles de chêne et de laurier. La poignée est en ébène quadrillé ; sa calotte figure un casque à l'antique. Le fourreau recouvert de cuir noirci a ses garnitures en laiton doré. La dédicace du sabre « Le Directoire Exécutif Au Général Polonois Kniazevitz » est ciselée sur la chape et mélange la cursive anglaise du texte aux capitales romaines réservées au nom du destinataire. Ce magnifique sabre conservé au musée national Krakow porte la marque de Boutet et celle de la manufacture de Versailles.

Après la paix de Lunéville, le général Kniaziewicz donna sa démission du service français, le 13 floréal an IX (3 mai 1801), et retourna en Pologne.

Il servit durant la campagne de 1806-1807 contre la Prusse, en 1809 contre l'Autriche et commanda, en 1812, la 18e division d'infanterie faisant partie du 5e corps de la Grande Armée, placé sous le commandement du prince Joseph Poniatowski. Grièvement blessé à la Berezina, le 28 novembre, il fut contraint de quitter l'armée et se retira à Krakow, puis à Lublin.

Chevalier de la Légion d’honneur le 4 frimaire an III (26 novembre 1803), commandant le 25 prairial an XII (14 juin 1804), commandant de l'ordre militaire du grand-duché de Varsovie, le général Kniaziewicz mourut à Paria, le 9 mai 1842, et fut inhumé dans l’église de Montmorency. Son nom est inscrit au côté est de l'Arc de Triomphe de l’Étoile.

Il est coiffé, ici, d'une czapka dont le pavillon est recouvert de drap noir. Côtés cannelés. Turban en cuir noir verni. La jonction du turban et du pavillon est masqué par un galon d'or. Cordon et glands en fil d'or. Plumet et cocarde tricolores. Kurtka bleu national du modèle de 1789. Col à rabat cramoisi passepoilé de blanc, ainsi que les revers, les parements et les retroussis. Boutons et épaulettes dorées. Ceinturon en drap cramoisi, large de 80 mm, fermé par une boucle en métal doré. Broderies en fil d'or. Culotte de la couleur du fond, garnie de chaque côté d'une double bande cramoisie. Bottes à la hongroise bordées d'un galon doré et garnies d'un gland dans l’échancrure du devant. Au-dessus du sabre, détail de la broderie du ceinturon.

Du 22 Fructidor

Le Conseil des Anciens, adoptant les motifs de la déclaration d'urgence qui précède la résolution ci-après, approuve l'acte d'urgence.

Suit la teneur de la déclaration d'urgence et de la résolution du 14 fructidor :

Le Conseil des Cinq-Cents,

Considérant que si les rois coalisés déploient des armées nombreuses contre les peuples libres, il importe à ceux-ci d'admettre dans leurs rangs tous les hommes qu'un élan sublime appelle à combattre pour la cause sacrée de la liberté;

Déclare qu'il y a urgence.

Le Conseil, après avoir déclaré l'urgence, prend la résolution suivante :

Art. I.

Le Directoire exécutif est autorisé à créer et à prendre à la solde de la République une nouvelle légion polonaise.

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