Le très remarquable ensemble de pièces d'habillement et d'équipement que nous présentons sur cette planche a appartenu à François Schutz qui termina sa carrière au service de France, en qualité de colonel du 3e régiment étranger en 1815.
Toutes les pièces représentées ici, sont la propriété de la famille von Storm-Willenbrock qui, outre les souvenirs de son ancêtre le colonel Schutz, possède quelques magnifiques tenues dont certaines ont appartenu à des officiers du régiment des chevau-légers polonais de la Garde impériale.
François Schutz naquit à Varsovie, le 15 mars 1775, d'une famille d'origine prussienne. Il entra au service de France dans la 1re demi-brigade polonaise en Italie, comme fourrier, le 1er nivôse an X (22 décembre 1801). adjudant sous-officier le 1er pluviôse an X (21 Janvier 1802), il fut nommé sous-lieutenant au 1er régiment d'infanterie polonais en Italie, le 29 ventôse an XI (20 mars 1803) et lieutenant en pluviôse an XII (février 1804). Capitaine le 15 juillet 1807, il fut confirmé dans son grade par décret du 20 juin 1808. Nommé chef de bataillon par décret du 1er août 1808, il commanda le 1er bataillon du 3e régiment de la Vistule. Fait légionnaire le 15 novembre 1808, chevalier de la Couronne de Fer le 28 août 1810, chevalier de l'ordre militaire de Pologne la même année, chevalier de l'Empire, avec une dotation de 2 000 francs, par décret du 31 mars 1812. Il fut fait prisonnier de guerre à Königsberg,,le 5 janvier 1813. Rentré des prisons de l'ennemi, le 12 septembre 1814, il fut employé depuis cette époque au dépôt de Soissons. Chef de bataillon à la suite du bataillon polonais organisé à Reims, le 29 mars 1815, puis chef de bataillon au régiment polonais (3e étranger), organisé à Soissons le 23 avril, il fut, enfin, nommé colonel du 3e régiment étranger par décret du 12 mai 1815.
François Schutz fit toutes les campagnes en Italie de l'an X à 1806. Il se distingua à Castelfranco et dans, les conquêtes du royaume de Naples et des Calabres. En 1807, il fut blessé au combat de Salzbrünn. De 1808 à 1812, il servit en Espagne. Blessé au premier siège de Saragosse (12 juillet 1808), il participa au deuxième siège de la place et à toutes les affaires où se trouva le 3e régiment dans les provinces de Navarre et d'Aragon. Il se distingua au siège et à la prise de Lérida où, à la tête d'une compagnie de son bataillon et d'une autre du 114e de ligne, il repoussa la sortie de l'ennemi. Pour cette belle action, il fut mis à 1'ordre du Jour du 7 mai 1810 par le comte Suchet. Il participa encore à la bataille de Sagonte et au siège de Valence.
En 1812, il participa avec honneur à la campagne contre la Russie.
A gauche de la planche, habit du chef de bataillon Schutz. Il est de coupe française et du modèle en service au début de l'Empire. Curieusement, les parements qui devraient être jonquille sont ici bleu impérial. Quant aux pattes de parements elles ne sont pas conforme au règlement, mais chacun sait que celui-ci n'était guère respecté à cette époque et particulièrement parmi les troupes polonaises on régnait la plus extrême fantaisie.
On remarquera également l'importance des ornements de retroussis.
À côté de l'habit, reproduction d'une miniature représentant le chef de bataillon Schutz. Cette miniature est datée de 1809.
A droite, shako et sabre de F. Schutz. La plaque du shako est entièrement argentée. De chaque côté sont fixés des crochets pour la suspension du cordon.
Au centre, nous avons représenté le chef de bataillon Schutz avec, à ses côtés, le petit caniche qui l'accompagna dans toutes ses campagnes de 1805 à 1815.
Nous avons, pour rédiger ce texte, consulté les Carnets de route de François Schutz établis du 1er nivôse an X (22 décembre 1801) au 31 juin 1815, ainsi que la correspondance échangée avec sa famille (Période de son entrée dans la 1re demi-brigade polonaise à son licenciement du service de France). Cette correspondance est rédigée soit en français, soit en allemand. Le colonel Schutz pratiquait quatre langues : l'allemand, le polonais, le français et l’italien.