L’expédition d’Égypte fut décidée dans les premiers mois de l'année 1798 à l'initiative du général Bonaparte. Réunie à Toulon, l'armée présentait un effectif de 36 000 hommes environ.
L'infanterie venue des bords du Rhin et de l'Italie se composait de quatre demi-brigades légères : les 2e, 4e, 21e, 22e et de dix demi-brigades ligne : les 9e, 13e, 18e, 25e, 32e, 61e, 69e, 75e, 85e et 88e.
Elle embarqua vêtue des inconfortables habits de drap bleu mais, dès les premières semaines, le général en chef comprit la nécessité de changer l'habillement des troupes et de créer un uniforme mieux adapté au climat. A cet effet, Bonaparte décida la création d’un Conseil pour l'habillement et l'équipement. Ce Conseil proposa rapidement de remplacer l'habit traditionnel par un habit-veste sans revers, boutonnant droit sur la poitrine, confectionné avec de la toile de coton bleue ; le collet et les parements devant être de couleur rouge. Le pantalon qui devait remplacer la culotte serait de toile blanche pour l'infanterie de ligne et bleue pour l'infanterie légère. Approuvé ces modèles sont réalisés et distribués dans le courant du mois d'août 1798. Très vite, on reconnut les inconvénients que présentait la cotonnade, dont le principal était qu'elle ne couvrait pas suffisamment les hommes dans la fraîcheur des nuits. L'année suivante on se préoccupa donc du remplacement de ces habits, et il fut décidé que le nouvel habillement serait confectionné en drap. Toutefois, l'impossibilité de se procurer la quantité de drap bleu nécessaire obligea le général Bonaparte, par un ordre du 28 thermidor an VII (15 août 1799 ), à réserver celui-ci pour l'artillerie et les sapeurs. L'infanterie, de son côté, recevrait du drap de différentes couleurs : vert clair, bleu céleste, écarlate, cramoisi, puce, etc. Les couleurs attribuées à chaque demi-brigade furent déterminées par un ordre du jour du général Kléber, daté du Caire le 9 vendémiaire an VIII (1er octobre 1799).
2e Légère : Habit vert clair ; collet, parements et retroussis gros bleu passepoilés de blanc.
4e Légère : Habit vert clair ; collet, parementé et retroussis puce passepoilés de blanc.
21e Légère : Habit bleu céleste ; collet, parements et retroussis jaunes passepoilés de blanc. Par décision du 10 brumaire an VIII (1er novembre 1799) elle reçut la distinctive aurore.
22e Légère : Habit bleu céleste ; collet, parements et retroussis cramoisis passepoilés de blanc.
9e Ligne : Habit écarlate ; parements et retroussis blancs passepoilés de bleu ; collet bleu passepoilé de rouge. Le 1er brumaire an VIII (23 octobre 1799), le Commissaire ordonnateur en chef Daure prévenait le garde-magasin général de l'habillement Grandjean « que la 9e demi-brigade doit avoir le parement, collet, revers, passepoil et retroussis vert au lieu de blanc qu'on leur avait donnés. »
13e Ligne : Habit cramoisi ; parements et retroussis puce passepoilés de blanc ; collet bleu passepoilé de blanc.
18e Ligne : Habit brun ; parements et retroussis blancs, passepoil blanc ; collet écarlate passepoilé de bleu. Le 4 brumaire an VIII ( 6 octobre 1799), le Commissaire ordonnateur Daure informait le garde-magasin général de l'habillement « que l'habillement de la 18e demi-brigade doit être comme suit : habit écarlate, collet et passepoil puce ; retroussis et parements jaunes. Vous voudrez bien, délivrer au corps le drap qui leur revient dans ces couleurs. »
25e Ligne : Habit cramoisi ; retroussis et parements bleus passepoilés de blanc ; collet bleu passepoilé-de blanc. Le 12 vendémiaire an VIII (4 octobre 1799), le général en chef décida que les retroussis, parements et collets de la 35e de ligne seraient bleu de ciel.
32e Ligne : Habit brun ; retroussis et parements aurore passepoilés de blanc ; collet écarlate passepoilé de bleu Le 9 vendémiaire an VIII (1er octobre 1799), il fut décidé que cette demi-brigade aurait le cramoisi comme couleur distinctive.
61e Ligne : Habit cramoisi ; retroussis et parements vert clair passepoilés de blanc ; collet bleu passepoilé de blanc. Le 9 vendémiaire an VIII (1er octobre 1799), le Commissaire ordonnateur Daure écrivait à Grandjean : « Vous délivrerez à la 61e demi-brigade le drap qui lui revient... l'uniforme est de drap brun ; collet jaune, parements jaunes, passepoil de même. Dans l'état, elle était désignée pour avoir le drap rouge, mais le chef d'état-major lui donne le brun. »
69e Ligne : Habit brun ; retroussis et parements blancs passepoilés de bleu ; collet écarlate passepoilé de blanc. Le 15 vendémiaire an VIII (7 octobre 1799), Daure écrivait au garde-magasin général : « Vous donnerez à la 69e demi-brigade, en remplacement du drap blanc que l'on ne peut avoir, l’écarlate pour les parements et retroussis. Elle conserve son passepoil blanc. »
75e Ligne : Habit écarlate ; retroussis et parements bleu céleste et passepoil blanc ; collet bleu céleste passepoilé de blanc.
85e Ligne : Habit brun ; retroussis et parements jaunes passepoilés de blanc ; collet-écarlate passepoilé de bleu.
88e Ligne : Habit cramoisi ; retroussis et parements verts passepoilés de blanc ; collet bleu passepoilé de blanc.
Un ordre du jour du général en chef prescrivit que le nouvel habillement serait distribué à l’armée à dater du 1er nivôse an VIII (22 décembre 1799). Ces tenues furent portées par les troupes jusqu'à leur retour en France en 1801.
A son départ de France, l'infanterie était coiffée de chapeaux de feutre. Ceux-ci se trouvèrent bientôt hors d’usage et il fallut les remplacer. On imagina une coiffure désignée, dans les documents de l'époque, sous le nom de casque, casquette, bonnet de cuir, etc. Cette coiffure était ornée d’un pouffe. Celui-ci présentait des couleurs différentes selon les régiments. Ces couleurs furent arrêtées par le général en chef Bonaparte par ordre du 27 fructidor an VI (13 septembre 1799).
2e Légère : vert ; 4e Légère : vert et blanc ; 21e Légère : vert et jaune ; 22e Légère : vert et rouge ; 9e de Ligne : rouge ; 13e de Ligne: bleu ; 18e de Ligne: noir ; 25e de Ligne: rouge et blanc ; 32e de Ligne: bleu et blanc ; 61e de Ligne: noir et blanc ; 69e de Ligne: jaune et blanc ; 75e de Ligne : bleu et rouge ; 81e de Ligne : jaune et rouge ; 88e de Ligne: jaune et bleu. Ces coiffures furent distribuées dans les régiments entre octobre 1798 et janvier 1799.
Nous avons représenté sur nos nouvelles planches les tenues portées entre le mois de décembre 1799 et septembre 1801.
PLANCHE 39 :
Grenadier de la 9e demi-brigade de ligne, habillé d’après l'ordre de vendémiaire an VIII (octobre 1799).
Grenadier de la 75e demi-brigade de ligne, d'après le même ordre.
Grenadier de la 69e demi-brigade de ligne.
A gauche, ornement de giberne de la 18e de ligne.
A droite, casquette de la 75e demi-brigade. Cette coiffure que nous croyons être le seul modèle parvenu jusqu'à nous était, il y a quelques années encore, la propriété d'un collectionneur parisien, Monsieur Vaissier. Nous ignorons s'il en est toujours l'heureux propriétaire puisqu'il y a déjà près de sept ans que cette coiffure nous fut présentée. La bombe est en cuir souple, cousue en quatre quartiers. Sa hauteur e et d'environ 155 mm. Au sommet est cousue une languette de cuir d'environ 100 mm de long sur 40 de large, sur laquelle est fixé le pouffe. Largeur de la coiffe, sans le rabat 190 mm ; longueur sans le rabat, environ 225 mm. La hauteur du rabat est d'environ 100 mm. Longueur de la visière sur sa partie centrale, environ 68 mm. Hauteur du chiffre en laiton, 5 mm. Hauteur de la grenade en laiton, 45 mm. Ces côtes sont approximatives compte tenu que les cuirs se sont resserrés avec le temps.