En créant par arrêté des consuls du 17 vendémiaire en VIII (8 mars 1800), le corps des Volontaires de la Réserve, Bonaparte tenta de rallier à sa personne les classes dirigeantes de la noblesse et de la riche bourgeoisie encore pleines de méfiance vis-à-vis de ce général issu de la Révolution.
Le même jour était créée une Armée de Réserve qui devait se concentrer dans la région de Dijon.
L'article II de l'arrêté des consuls stipulait que « 'Tous les anciens soldats qui auraient obtenu leur congé, tous ceux qui, même fesant partie des compagnies de vétérans sont encore en état de faire campagne ; tous 1es jeunes gens de la réquisition et de la conscription seront nommés, au nom de l'honneur, par une proclamation des préfets et des généraux commandant les divisions, de rejoindre leurs drapeaux avant le 15 germinal (5 avril). Ceux qui ne seraient attachés à aucun corps se rendront au quartier général de l'armée de réserve à Dijon, où ils seront armés et habillés. Le Premier consul les passera en revue dans le courant de germinal ».
Les volontaires à pied furent organisés dans le chef lieu de la Côte D’Or, le 20 janvier 1801, en un bataillon d'infanterie légère à l'effectif de neuf compagnies, dont une de carabiniers. Il prit le nom de « Bataillon de Volontaires de la Réserve ». Le 10 mai 1801, les huit compagnies de chasseurs étaient versées à la 52e demi-brigade d'infanterie de ligne; la compagnie de carabiniers détachée à l'armée des Grisons fut versée le 21 mai à la 87e demi-brigade.
Nous avons représenté planche 64 deux types de-ce corps. A gauche un chasseur, à droite un officier. Le chasseur provient d'une miniature ornant le couvercle d'une boite ronde en écaille. Il est très près du type dessiné par René Louis pour un numéro de « la Giberne »'.
L'officier a été relevé sur une maquette d’éventail peinte sur vélin sous le Consulat. D'une très belle et riche composition elle est ornée en son centre d'un portrait de Bonaparte et représente, avec beaucoup de détails, divers officiers et soldats appartenant à des corps levés à l'époque. On remarquera, particulièrement, la curieuse coiffure ornée d'un plumet tricolore.
Les volontaires pour la cavalerie furent, avant d'être dirigés sur Dijon, groupés en trois points: Orléans, Caen et Paris. À Paris, c'est le général Mathieu-Dumas qui fut chargé du recrutement. Dès le 26 mars 1800, la 1re compagnie fut présentée au Premier consul sous le nom de « 'Hussards Volontaires de la ville de Paris ». Le 1er mai, le 1er escadron complètement organisé partait pour Compiègne. A Paris, il avait porté successivement les noms de « 'Cavalerie de la Légion du Premier Consul » puis de « Hussards de Bonaparte ». En raison de la couleur de leur dolman et de leur pelisse, les Parisiens leur donnèrent bientôt le surnom de « 'hussards canaris ».
De Compiègne, le 1er escadron fut mis en route pour Dijon où il arriva le 13 juin. C'est dans cette ville que fut formé le 2e escadron avec des détachements et des cavaliers venus de divers points de la province.
Les deux escadrons quittèrent Dijon le 23 juin à destination de Genève et furent, de là, acheminés vers les Grisons. En novembre ils étaient à Ebersberg où ils prirent le nom de « Hussards volontaires de l'armée du Rhin »'. La campagne terminée, le corps regagna la France et arriva à Metz le 24 mars 1801. Il y fut licencié le 25 germinal an IX (15 avril 1801). 298 hussards furent congédiés où reprirent leur liberté; 311 furent versés dans divers corps: 1er, 8e et 10e, 16e et 20e régiments de chasseurs à cheval, 17e dragons, 13e de cavalerie, 8e hussards et 1re légion des Francs de l'Ouest.
Les volontaires groupés dans les deux centres d'Orléans et de Caen n'ayant pas de chevaux furent organisée en deux bataillons d'infanterie de neuf compagnies. On les baptisa hussards pour montrer l'espoir que l'on gardait de les remonter un jour. C'est ainsi que l'arrêté du 13 floréal an VIII (3 mai 1800) créait deux bataillons de hussards à pied. Le 1er fut organisé à Orléans, le 2e à Caen. Ces deux bataillons formèrent au mois d'août, la demi-brigade de hussards à pied qui fut affectée à l'armée des Grisons. Ce corps fut dissous à Trente au début de 1801; le 1er bataillon fut incorporé le 15 février dans le 45e de ligne et le 2e dans le 17e léger; les deux compagnies de carabiniers furent versées le 20 mai au 87e de ligne.
Sur la planche 63, nous avons représenté diverses pièces d'habillement et d’équipement des Hussards volontaires ainsi qu'un trompette du corps relevé sur un tableau de Mongin qui- se trouve au Musée de Versailles et représente le passage du Mont Saint-Bernard. Signalons que ce trompette fut reproduit par M. Bénigni dans le numéro unique du « Passepoil » (21e à 25e année). M. Bénigni écrivait à ce propos : « Ce trompette ne peut appartenir qu'aux Hussards Volontaires, dont quelques-uns figurent dans le tableau. Les couleurs de sa tenue et certains détails, tel le monogramme RF, confirment cette opinion, bien que le corps n'ait pas fait partie de l'armée d'Italie. Les artistes du temps ne s'embarrassaient pas toujours de scrupules semblables et certains tableaux officiels contiennent des erreurs ou des anachronismes autrement flagrants. Passons maintenant aux détails de l'uniforme: le colback, d'une forme quelque peu tronconique, que l'on retrouve dans la revue du « Décadi », d'Isabey, la luxueuse schabraque en drap, doublement galonnée, au lieu du shako à flamme et de la peau de mouton de troupe, la trompette argentée à banderole rose foncé, les tresses en argent, la dentelure bordant le licol de parade témoignent du soin apporté pour rehausser l'éclat de la tête de colonne d'un corps que l'on voulait trié sur le volet. A noter aussi l'inversement de la couleur pour la pelisse seule. Ce cas s'est produit parfois pour les trompettes de certains régiments de hussards et ne peux s'expliquer que par le désir d'augmenter le brillant de la tenue en faisant trancher la pelisse sur le dolman, lorsque ces deux effets étaient portés conjointement dans les parades. Enfin la culotte de peau, vestige des anciennes livrées. J'ai dessiné la sabretache, invisible sur le tableau, d'après l'estampe que M. Cotreau a publiée dans le Carnet de la Sabretache. »
Nous avons utilisé cette estampe pour - représenter le hussard à cheval de la planche 64. Celui-ci est coiffé d'un shako sans visière à flamme bleu ciel et à bordure noire dentelée. Sur la planche 63, nous avons reconstitué la sabretache qui figure sur ce document.
Le hussard de dos (planche 64), provient de l'ouvrage de Vernet et Lami et d'une gouache de l'époque appartenant à MV. On remarquera, ici, la culotte bleu de ciel ornée d'un galon jaune mélangé de bleu céleste et la ceinture cramoisie et bleu céleste (correction dans le texte : ceinture cramoisie et blanche).
Le hussard tenant son cheval par la bride porte la tenue classique du corps. A noter, cependant, le plumet fixé sur le côté droit du shako. Le document qui a permis la représentation de ce hussard est une gouache naïve propriété d'un collectionneur belge.
Il existe également un trompette que l'on trouve dans la collection Carl de Strasbourg. Celui-ci est vêtu d'un dolman et d'une pelisse jaunes et d'une culotte bleu de ciel, le tout orné de tresses et de galons tricolores. Il est coiffé d'un shako d’un modèle postérieur à ceux portés sous le Consulat, surmonté d'un plumet tricolore. Il s'agit là d'une reconstitution plus que douteuse et sans aucune valeur documentaire.
Signalons, enfin, que la flamme du shako de si Hussards volontaires n'était pas bordée d'un galon blanc, ainsi que la représente certains, mais d'un galon noir.