Légion des Francs de l'Ouest 1796-1798. Planche 62 de la collection L'Armée Française et ses Alliés 1792-1815 par Jacques Domange.

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Jacques Domange
- Planche 62 -

La 1re Légion des Francs de l'Ouest, plus connue sous le nom de « Légion Noire », fut levée par le général Hoche pour l'expédition d'Irlande.

Elle fut formée à Rennes le 1er messidor an IV (19 juin 1796), avec des détachements de 20 hommes tirés des corps de l'armée de l'Ouest.

Elle se composait d'un état-major comprenant 1 chef de brigade, 2 chefs de bataillons, 3 adjudants-major, 1 quartier-maître trésorier, 1 chirurgien-major, 2 chirurgiens aide-major, 3 adjudants sous-officiers, 1 tambour-major, 1 tailleur, 1 guêtrier, 1 cordonnier, 1 armurier.

Elle comptait 3 bataillons comprenant chacun, 1 compagnie de carabiniers et 9 compagnies de chasseurs ; Chaque compagnie se composait d'un capitaine, 1 lieutenant, 1 sous-lieutenant, 1 sergent-major, 4 sergents, 1 caporal fourrier, 8 caporaux, 2 tambours et 84 chasseurs ou carabiniers.

La Légion reçut les uniformes portés par les émigrés débarqués par les Anglais en Bretagne et qui capitulèrent à Quiberon en juillet 1795.

Ces uniformes semblables aux habits-vestes autrichiens étaient taillés dans du drap écarlate. Ils furent plongés dans de la teinture noire de mauvaise qualité, ce qui leur donna une couleur brun marron, d'où la dénomination de Légion Noire donnée à ce corps.

Placée sous le commandement du général de brigade Humbert, la légion fut réunie à Brest où se concentra le corps expéditionnaire. Elle fut affectée à la division d'avant-garde commandée par le général Lemoine.

L'escadre leva l'ancre le 15 décembre 1796 à destination de l'Irlande. Elle perdit d'abord un vaisseau de 74 canons à la sortie du goulet de Brest, puis fut dispersée par une très violente tempête au large d'Ouessant.

Le 21 décembre, la plupart des navires se retrouvèrent dans la baie de Bantry. En l'absence du général en chef dont le navire se trouvait toujours en mer, retardé par la tempête, le général Grouchy, commandant en second le corps expéditionnaire, reçut la députation irlandaise qui le pressa de débarquer ses troupes. Grouchy, en l'absence de Hoche, refusa de prendre cette initiative, ceci malgré l'insurrection générale de l'île et le retour en force des anglais.

À l'annonce d'une nouvelle tempête qui menaçait de drosser les navires sur les rochers, Grouchy prit la décision de ramener la flotte en France et, le 1er janvier 1797, il était de retour à Brest.

Ce même jour, la frégate de l'amiral Morard de Galles, « La Fraternité », ayant le général Hoche à son bord, jeta l'ancre dans la baie de Bantry. Hoche, furieux d'apprendre le départ de la flotte française, prit le chemin du retour et, peu après, reçut le commandement de l'armée de Sambre-et-Meuse.

La 1re Légion des Francs de L'Ouest qui devait faire partie de cette armée, fut réorganisée à Caen avant d'être dirigée sur le Rhin.

Elle se distingua à Neuwied, le 18 avril 1797, puis fut appelée à Paris où des éléments royalistes menaçaient la République. Elle participa à la répression qui aboutit à l'arrestation de Pichegru et de ses complices . Envoyée ensuite à Strasbourg, elle y fut transformée, le 12 nivôse an VI (1er janvier 1798) en 14e demi-brigade d'infanterie légère.

Entre temps elle avait été complétée avec des réquisitionnaires de Seine-et-Marne, de la Haute-Marne, du Cher, de la Meuse et six compagnies de grenadiers des 108e et 139e de bataille.

Le 5 février 1798, la 14e légère fut affectée à l'armée d'Helvétie sous Brune, et fit partie de la division d’avant-garde placée sous les ordres du général Schauenbourg. Elle participa à la prise de Soleure, à celle de Berne et cantonna à Winterthur en janvier 1799.

L’armée d'Helvétie était passée sous les ordres de Masséna et la 14e légère comptait à la division Ménard avec laquelle elle pénétra dans les Grisons. Le 10 avril elle faisait partie de la division Soult. Masséna qui était alors à la tête de l'armée du Danube formée par la réunion des armées d'Helvétie et du Danube, fut attaqué le 3 mai 1799, près de Zurich, par l'archiduc Charles commandant l’armée austro-russe. Dans cette bataille, la 14e légère perdit plus de la moitié de son effectif: 837 hommes seulement échappèrent au désastre, les autres furent tués ou faits prisonniers.

Les trois bataillons furent reconstitués à Huningue le 3 juillet et, le 28 août, la demi-brigade forte de 2 225 hommes fut affectée à la division Chabran. En novembre Moreau remplaça Masséna et l'armée prit le nom d'armée du Rhin. La demi-brigade fit partie de l'aile droite commandée par le général Lecourbe, division Jacotin puis Leclerc. Elle se distinguera au passage du Rhin, Engen, Moesskirch, Biberach et Landshut. En novembre 1800, elle passa sous les ordres directs de Moreau, division Decaen et se distinguera encore à la bataille de Hohenlinden et à la prise de Salzburg. Elle deviendra 14e régiment d'infanterie légère sous 1’Empire.

Sont représentés sur cette planche, de gauche à droite :

1) Chasseur (1798). Il est vêtu d'un habit-veste du type autrichien, porté par les hommes de la légion de 1796 à 1798,

2) Carabinier d'après un dessin fait en Suisse en 1799. On remarquera le très curieux habit porté par ce carabinier, tant au niveau des revers qu'à celui des parements et des pattes. Nous retrouvons dans cette coupe beaucoup de similitudes avec certaines tenues portées par des milices helvétiques.

3)  Carabinier (1799), d'après Ganier Tanconville. Il est vêtu d'un habit-veste de coupe française. Le chapeau, de forme alsacienne ou helvétique est orné d'un cordonnet de fil rouge terminé par un gland à franges de même couleur.

4) Officier (1798), d'après une aquarelle conservée au Musée National Suisse de Zurich. On remarquera sur cet habit, la longueur des poches et le nombre inusité de boutons. Nous connaissons un dessin de Tanconville représentant cet officier de profil. Les revers sont identiques à ceux de l'infanterie légère française.

5) Carabinier (1798-1799), d'après un dessin original de l'époque. Le chapeau est orné d'une ganse de fil blanc terminée par une grenade de laiton estampé.

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