A l'occasion du voyage de l'Empereur et de l'Impératrice à Boulogne, le sous-préfet de Montreuil-sur-Mer, Charles-Robert-Remy-Thomas Poultier, ancien notaire de la ville, avait réuni en son hôtel, le 3 mai 1810, les autorités civiles et militaires.
Le Conseil municipal rédigea, le 5 mai, le programme et le cérémonial pour la réception des Souverains à leur passage à Montreuil1.
Le colonel Poultier, alors commandant d'armes, par un ordre du jour du 8 mai 1810, prescrivit les dispositions suivantes : « Toute la garde nationale prendra les armes le jour du passage de l'Empereur, la moitié de la troupe sera mise en bataille sur le glacis à droite et à gauche de la porte par laquelle Sa Majesté entrera dans la ville , et l'autre moitié sur les places que Sa Majesté doit traverser. Les sous-officiers et les soldats présenteront les armes, les drapeaux salueront et les tambours battront aux champs. Il sera fait trois salves d'artillerie après que Sa Majesté aura passé les ponts. Pour la sortie de Sa Majesté, la garde nationale sera disposée comme à son entrée, c'est-à-dire, moitié sur les glacis et moitié sur son passage. Il sera fait également trois salves d'artillerie. »
Cet ordre du jour fut complété, le 25 mai, par ordre du général commandant la 16e division militaire, la cavalerie devant alors se rendre à la rencontre de L.L. M.M. jusqu'à une demi-lieue de la place et les escorter jusqu'à une demi-lieue à leur sortie. « Les officiers salueront et les trompettes sonneront la marche. » A la première barrière devaient se placer le commandant d'armes, l'état-major, les officiers sans troupes et réformés pour présenter à l'Empereur les clefs de la ville.
Dès le 5 mai, la création d'une garde d'honneur était décidée, et le 20 mai, le sous-préfet désignait les personnes devant en faire partie, toutes prises parmi les officiers de la garde nationale sédentaire. Ce sont: Hurtrel d'Arboval, E. de Campigneulles, de Lhomel-Pecquet, de Wamin, Poussart, Barré, Martel, Henri Martel, Poultier, Riquier, Tellier, Testart de la Neuville, Thélu, Baudoin, Carlus, Le Noir et de Poilly.
Sous le commandement du chef de la 5e légion de la garde nationale du Pas-de-Calais, M. d'Acary2, la garde d'honneur se rendit au-devant de l'Empereur, le 28 mai 1810, à Nempont-St-Firmin, limite du département du Pas-de-Calais, tandis qu'une garde d'honneur à pied accompagnait le maire, de la Pasture-Verchocq, et tout le conseil municipal, à la limite de la ville de Montreuil et de sa banlieue. Le service de la garde d'honneur ne fut pas de longue durée. Après un déjeuner à la sous-préfecture, l'Em-pereur et l'Impératrice quittaient la ville, traver-sant les rues décorées, passant sous deux arcs-de-triomphe et salués par les acclamations de tous les Montreuillois.
(1) Cf. G. de Lhomel. Séjours de Souverains et de Princes à Montreuil- sur-Mer. Montreuil-sur- Mer, Imp.Delambre,1903, in-8°, p. 15.
(2) C'est ce même d'Acary qui lors du passage de Louis XVIII à Montreuil-sur-Mer, à la fin d'avril 1814, fit prévenir les officiers qui avaient fait partie de la garde d'honneur de 1810 et les fit réunir pour en former une nouvelle garde qui se rendit au devant du Roi. li ne serait pas invraisemblable qu'en cette occasion, ils eussent sorti leur ancien uniforme, se bornant à changer de cocarde.
(3) Les Gardes d'honneur du Premier Empire, par le lieutenant E.-L. Bucquoy , p. 249.
Uniforme de la Garde d'honneur de Montreuil-sur-Mer
- Surtout de drap bleu à boutons d'argent ;
- Veste blanche ;
- Culotte de nankin avec liseré de soie sur la couture extérieure et trèfle sur le pont, de même couleur ;
- Bottes à la Souwaroff ; éperons blancs ;
- Sabre à la hussarde ;
- Chapeau claque avec cocarde aux couleurs impériales, en argent à la 1re Restauration ;
- Plumet blanc.
- Les officiers portaient en outre une écharpe de soie blanche à franges d'argent donnée par la ville. Ceinturon noir bordé argent.
- Les chevaux avaient une schabraque de drap bleu avec bordure écarlate découpée en dents de loup ; cette bordure était surmontée d'un galon blanc uni3.