Gardes d'honneur locales du Premier Empire

Ce n'était pas assez de la garde impériale à pied, des chevau-légers polonais et de la gendarmerie d'élite pour faire le service du château impérial de Marrac et garder la personne de Leurs Majestés impériales, mais on y avait encore joint de nombreux corps spéciaux, levés tout particulièrement en vue de la venue de Napoléon dans notre ville. Non seulement Bayonne avait formé une somptueuse garde d'honneur à pied et à cheval, Saint-Esprit une garde d'honneur à pied, et le pays basque de belles compagnies d'infanterie, mais encore la ville de Pau qui avait, elle aussi, sa garde d'honneur, composée en vue du prochain passage de l'empereur, accomplissant un voyage dans le Midi de la France, avait tenu à honneur d'en envoyer un détachement à Bayonne, pour contribuer au service d'ordre pendant le séjour des souverains.

Ce détachement, exclusivement composé de cavalerie, arrivé à Bayonne le 7 mai 1808, partagea le service du château avec la garde d'honneur de notre ville, avec laquelle elle fraternisa à diverses reprises, et elle repartit pour le chef-lieu vers le commencement du mois de juillet, car l'empereur n'allait pas tarder à y arriver. Nous allons dire quelques mots sur cette troupe d'élite composée des jeunes gens des meilleures familles de Pau et du pays et dont le riche uniforme laissa un brillant souvenir dans l'esprit des contemporains. Plus lard nous aurons à nous occuper de la garde d'honneur bayonnaise, plus belle encore, et sur laquelle nous avons recueilli de précieux renseignements.

Elle était divisée en garde d'honneur à cheval et en garde d'honneur à pied. La cavalerie portait un uniforme des plus remarquables parmi tous ceux qui furent imaginés pour plaire aux yeux du grand soldat. Les détachements à cheval et à pied avaient été organisés à Pau par les soins du maire et de la municipalité sous le commandement de MM. de Gontaut et de Boisné. Voici qu'elle était l'organisation de cette garde :

• Etat-major MM. de Gontaut-Biron, général ; Mauco, major-général des deux armes.
• Cavalerie MM. de Candau, 2e né, chef d'escadron de Gestas, lieutenant ; Bataille, sous-lieutenant.
• Infanterie MM. Boisné, chef de bataillon ; Batsalle, capitaine de la première compagnie ; Lafargue, lieutenant ; Saint-Pau, sous-lieutenant. Pouy, capitaine de la seconde compagnie ; Noguez, lieutenant ; Bernet, sous-lieutenant.

Nous avons dit que cette garde d'honneur portait un uniforme tout à la fois élégant et somptueux en voici une description suffisamment détaillée pour permettre d'en opérer la reconstitution.

La cavalerie portait l'habit noir, à revers, passepoils et parements rouges ; aiguillettes en or ; veste rouge ; pantalon noir, bordé de tresses en or ; bandoulière et giberne rouge avec l'aigle et la boucle jaune ; chapeau à la française avec un panache blanc ; bottes et éperons à la hongroise ; sabre de hussard ; chabraque noire, bordée en rouge.

L'infanterie avait l'habit brun très foncé, doublure écarlate, revers, parements, collet et liserés chamois ; panlalon et petite veste blanche ; boutons jaunes, chapeau à la française, ganse jaune, pompon chamois ; demi-guêtres noires, sabre, fusil et gibernes d'infanterie.

La cavalerie de la garde d'honneur de Pau alla attendre à Artix Leurs Majestés impériales, et lui servit d'escorte. Le rôle de cette troupe d'élite pendant le séjour de l'empereur et de l'impératrice, fut celui de tous les corps du même genre, et nous consacrerons une prochaine étude à la réception de Napoléon dans le chef-lieu des Basses-Pyrénées.

E. DUCERÉ.