Régiment de Francfort. Planche 102 de la collection L'Armée Française et ses Alliés 1792-1815 par Jacques Domange.

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Jacques Domange
- Planche 102 -

Au mois d'août 1808, le grand-duché de Francfort reçut l'ordre de former un régiment d'infanterie à deux bataillons destiné pour l'armée d'Espagne.

La levée se fit avec la plus grande difficulté et, un seul bataillon put être organisé à Francfort le 24 août. Il présentait un effectif de 853 hommes répartis en 6 compagnies (l de grenadiers, 4 de fusiliers et 1 de voltigeurs). Le lieutenant-colonel von Welsch fut placé à sa tête.

Le 26 août, 1er bataillon fut passé en revue, à Mayence, par Kellermann et le général Duprat, puis dirigé sur Bayonne où il arriva le 18 octobre. Entré en Espagne, il fut affecté au 4e corps (maréchal Lefebvre), division Leval, brigade Grandjean.

Arrivé à Vitoria, le bataillon eut l'honneur d'être désigné pour former la garde d'honneur du maréchal Lefebvre.

Le 30 octobre, à Durango, il fut engagé dans la poursuite de l'ennemi et le 8 novembre il prit part au combat de Balmacéda.

Au début de 1809, les divisions Leval et Valence (Polonais), furent chargées d'assurer la sûreté de la rive droite du Tage entre Aranjuez et Almaraz. Le bataillon se distingua le 15 février à la défense du pont d'Almaraz.

Le 17 mars, il se couvrit de gloire à Messa-de-Ibor où il décida la victoire et, le 18, à Valdecannas il contribua à chasser l'ennemi de toutes ses positions. Le 28 mars, seule la compagnie de voltigeurs prit part à la glorieuse journée de Medellin ou les Espagnols laissèrent 15 000 morts sur le terrain

Le roi Joseph envoya, le 19 juin, la division allemande à Tolède pour y soutenir le corps du général Sébastiani. Le bataillon prit part, le 26 juillet, à la bataille de Talavera de la Reina au cours de laquelle le colonel von Welsch fut blessé et où la division allemande se couvrit à nouveau de gloire.

Peu après cette victoire, la division allemande prit le nom de division de la Confédération du Rhin.

Le 11 août eut lieu la bataille d'Almonacid. Les troupes des généraux Leval et Schäffer (contingent de Nassau) culbutèrent l'ennemi avec la plus grande vigueur. Le soir de la bataille, la compagnie de voltigeurs du bataillon de Francfort ne comptait plus que 35 hommes.

À nouveau, le 19 novembre, à Ocana, la division de la Confédération du Rhin engagea le combat et fit preuve d'une très grande valeur. Le bataillon rentra ensuite à Madrid.

En 1811 la division allemande comptait à l'armée du Nord sous Kellermann. Le général Leval grièvement blessé à Ocana rentra à Madrid. En mars, le lieutenant-colonel von Welsch dont la santé était compromise retourna dans sa patrie. Le bataillon passa sous le commandement du major Fritsch et la division sous celui du général Lorge qui fut nommé gouverneur de la province de Tolède occupée par ses troupes.

Pendant les deux années que le bataillon de Francfort demeura en garnison dans cette province, il ne cessa d'opérer contre les guérillas.

En août 1811, le général Lorge rentra en France pour y recevoir un nouveau commandement et fut remplacé par le général Treillard.

Au cours d'un combat qui eut lieu le 29 septembre devant Almagro, le bataillon perdit 2 officiers et 24 hommes. En novembre, le bataillon livra plusieurs combat à la guérilla de Mina.

En décembre, le bataillon entre dans la division d'Armagnac dont il forme l'avant-garde puis, peu après, un ordre le fait passer sous le commandement de Montbrun, général en chef du corps de l'expédition sur Valence.

Le 17 janvier 1812, à Elche, le major Fritsch avec les grenadiers et la première compagnie du bataillon, soutenus par le 22e dragons, refoula 2 000 chevaux espagnols.

En février, le bataillon tint garnison à Villarubio et Manzanarès. En avril, il fut appelé à Madrid et envoyé vers Cuenca contre la guérilla de l’Empécinado.

L'armée anglo-espagnole de Wellington ne cessait de progresser et Joseph dut abandonner Madrid. Il fera sa jonction avec Suchet et parviendra le 29 août à Valence. Le 8 octobre, le roi, Soult et Suchet décidèrent que le duc de Dalmatie allait se remettre en marche sur Aranjuez et Madrid et, le 29, Joseph fit son entrée dans sa capitale.

Au commencement de 1813, la division allemande est à Segovia où le bataillon resta jusqu'au printemps. Le 11 mai, les Allemands furent dirigés avec la division d'Armagnac, en soutien au général Reille qui ralliait le gros de l'armée française. La jonction avec le reste de l'armée eut lieu à Vitoria le 19 juin.

Le 21 juin eut lieu la bataille de Vitoria à l'issue de laquelle l'armée française dut se replier sur Pampelune où les Allemands livrèrent un combat d'arrière-garde le 24.

L'armée concentrée sur la Bidassoa fut réorganisée et les Allemands entrèrent dans la composition de la réserve, aux ordres du général Vilatte.

Le 8 octobre, Wellington attaqua et enleva la ligne de la Bidassoa. Les Allemands brûlèrent leurs dernières cartouches pour la France aux ponts de la Nivelle. Le 10 décembre le bataillon fit défection et passa dans les rangs anglais.

Lorsque la guerre contre l'Autriche fut décidée au printemps de 1809, il fut demandé au Prince Primat de lever un nouveau bataillon destiné à tenir garnison dans la citadelle d'Erfurt.

Par ordre impérial du 12 janvier 1812, le grand-duché de Francfort dut mettre sur pied 2 214 hommes répartis en deux bataillons qui porteraient les numéros 2 et 3, le numéro 1 étant resté au bataillon employé en Espagne.

Le régiment partit de Francfort le 16 février. Arrivé à Hambourg, il passa aux ordres de Carra Saint-Cyr et fut affecté à la division dite des Princes.

Le 1er septembre, le régiment reçut l'ordre de partir pour Danzig où il arriva le 6 octobre. De là, il poursuivit sa route sur Königsberg où il parvint le 22 pour entrer dans la 34e division aux ordres du général Loison.

Le 18 novembre, le régiment était à Kowno, le 22 à Wilna. En décembre la division Loison fera l'arrière-garde de la Grande Armée. Les débris de la division princière se rassemblèrent à Königsberg qu'ils quittèrent le 4 janvier 1813 pour Danzig où ils arrivèrent le 22. L'effectif du régiment était de 21 officiers et 127 hommes dont 40 valides. Ces hommes contribuèrent à la défense de la place.

A la fin de février, la brigade allemande réduite à 1 300 hommes fut formée en un unique bataillon qui prit le nom de « Bataillon d'Europe ». Vingt-trois nations s'y trouvaient représentées. Le commandement en fut confié à l'ancien chef du 4e régiment de la Confédération du Rhin, le colonel von Egloffstein.

Ce bataillon livre son dernier combat à Pitzendorf le 29 août. La garnison de Danzig capitula le 11 décembre 1813 : 17 officiers et 60 hommes du régiment de Francfort quittèrent la place. C'était tout ce qui restait du régiment du Prince Primat !

Cette planche représente, de gauche à droite : un grenadier du bataillon en Espagne ; à ses cotés, caporal sapeur (1809) ; voltigeur vers 1810-1812 ; officier de voltigeurs en grande tenue et tambour de voltigeurs.

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