Par un arrêté du 11 février 1813, le général Bertrand, gouverneur des provinces illyriennes, ordonna la levée d'un corps de hussards composé d'hommes provenant des six régiments d'infanterie croate, Lika, Ottochatz, Ogulin, Shim, 1er et 2e du Banat. Chaque régiment de cette nation devait fournir une compagnie de 100 hommes, non compris les officiers, sous-officiers et trompettes, et la monter avec des chevaux de 5 a 8 ans. Le régiment de hussards devait donc comprendre 3 escadrons de 2 compagnies. L'Empereur, le 23 février suivant, signa le décret créant le 1er régiment de hussards croates.
Pour hâter la formation du corps, le général Bertrand avait placé à sa tête son aide de camp, le chef d'escadron Bernard Pruès. Le 1er mars, l'Empereur confirma cette nomination et, le 5, Pruès organisa le régiment à Karlstadt. Devant la multiplication des enrôlements, l'Empereur par un nouveau décret du 2 mars, porta le régiment à 6 escadrons.
Avant d'avoir reçu ce décret, le général Bertrand avait pris, le 10 mars, un arrêté créant un 2e régiment de hussards composé de 3 escadrons. Cet arrêté qui avait reçu un commencement d'exécution avait fait donner le numéro 1 au régiment du colonel Pruès.
Par lettre du 27 mars, l'Empereur avait placé le régiment dans la cavalerie du corps d'observation d'Italie, devenu 4e corps de la Grande Armée, avec lequel le général Bertrand devait partir pour être à Augsbourg le 5 avril. Junot, duc d'Abrantès, prit le gouvernement des provinces illyriennes lorsqu'un contre-ordre suspendit le départ des hussards croates.
A peine organisé, le régiment fut appelé à repousser les Turcs qui avaient envahi le territoire. L'ennemi, dispersé dans la campagne, fut surpris et taillé en pièces. Ce bref combat fut la seule action de guerre des hussards croates.
Le 2 août, le régiment fut définitivement organisé à Laybach. Dirigé ensuite sur Crémone, il fut, de là, envoyé à Lyon où il se trouvait en octobre 1813. C'est dans cette ville que lui parvint le décret du 25 novembre prononçant la dissolution des régiments étrangers. Le 26 novembre, les hussards croates furent désarmés par le général Corbineau. Les armes furent versées à l'arsenal de Lyon. Les chevaux, au nombre de 639, passèrent: 431 au 31e chasseurs et 208 au 1er hussards. Les nombreux Français que comptait le régiment furent envoyés à Moulins et versés au 4e régiment de dragons.
Désarmés, les 1 276 hussards partirent à pied pour Dijon où ils arrivèrent en deux colonnes les 2 et 4 décembre, pour être formés en deux détachements destinés, l'un au 3e bataillon colonial à l'île d'Oléron, l'autre au 4e à Belle-Île. Le trajet étant long et la désertion à craindre, le Ministre de la guerre jugea plus prudent de faire envoyer successivement à Nevers les escadrons démontés et désarmés, où le licenciement définitif eut lieu le 31 décembre.
Formé en bataillon de pionniers à 5 compagnies les anciens hussards furent envoyés, en 1814, à Bourges, grand dépôt des corps étrangers devenus pionniers. Rapatriés à la conclusion de la paix, ils rentrèrent sous la domination de l'Autriche.
L'arrêté du 11 février 1813 donnait au corps le dolman bleu de ciel à collet et parements chamois, mais ne précisait pas la couleur de la pelisse que l'on pourrait supposer bleue. Toutefois, le général Bertrand avait fait confectionner 657 pelisses gris de fer quand le décret du 23 février lui parvint. Celui-ci affectait au corps la couleur bleue. Les pelisses grises demeurèrent néanmoins en service, et si l’Empereur avait approuvé la formation d'un second régiment, ce dernier eût reçu la pelisse bleue.
Napoléon ne voulant qu'un seul régiment, l'attribution de la couleur des pelisses fut réglée par un ordre du 2 juillet, qui prescrivit de donner à tout le régiment des pelisses grises.
L'uniforme des hussards croates fut donc composé ainsi qu'il suit: Dolman bleu de ciel à tresses blanches, collet et parements chamois ; pelisse gris de fer à fourrure noire et-tresses blanches ; culotte gris de fer ; shako de feutre noir à paque et jugulaires en fer ; ceinture blanche à coulants et glands cramoisis.
Les quatre types représentés ici proviennent d'un document contemporain. Les hussards et les officiers sont habillés conformément au règlement.
